Approche PSF

 

La communauté de Psychoéducation Sans Frontières tente de développer une approche d’accompagnement qui repose sur des principes auxquels elle accorde une grande valeur. Plutôt que de s’appuyer sur un modèle fixe, PSF préfère miser sur la présence de repères importants à partir desquels les participant.e.s pourront s’inspirer.

Ceci a pour but de permettre aux personnes de s’approprier ces principes avec une liberté qui leur permet d’être créatives. Nous demeurons sensibles et à l'écoute des effets que notre approche peut avoir autant chez les participant.e.s que chez les personnes que nous accompagnons sur le terrain. Nous évaluons continuellement les impacts de nos actions auprès de ces personnes. En ce sens, nous souhaitons qu’une réflexion éthique précède et suive chacune des actions posées. C’est dans cette optique que l’approche PSF se veut en constante évolution et ne cesse de s’enrichir grâce aux personnes qui s’y investissent.




Prendre le temps de faire tomber les frontières...

Avant même de penser à mettre en place des interventions, il faut prendre le temps de se connaître et de se reconnaître. Ainsi, les membres de la communauté PSF se questionnent couramment sur les éléments qui peuvent aider à faire tomber les frontières interculturelles et interpersonnelles. À l’intérieur des différentes communautés, il est possible d’avoir accès à une immense variété de façons de percevoir et d’aborder les relations humaines, l’éducation et le soutien aux personnes en situation de vulnérabilité. Tous les participants et participantes sont encouragés à s’ouvrir aux différences afin de saisir toute la richesse qui peut s’y trouver. Lorsque ces différences déstabilisent, nous croyons qu’il est intéressant de porter un regard au-delà de celles-ci et de s’intéresser à ce qui nous relie les uns aux autres. Par la suite, il n’est souvent qu’une question de temps avant que les préjugés tombent et qu’un rapprochement se produise. Nous croyons que ceux et celles qui oseront faire tomber les frontières et créer des ponts pour ensuite les traverser s’offriront le privilège d’avoir accès à un univers de connaissances et d’expériences nouvelles. Ceux et celles qui auront l’ouverture et la bienveillance nécessaires pour permettre à l’autre de s’approcher et de se sentir assez en sécurité pour s’assumer pleinement, auront accès à des rencontres humainement profondes et authentiques.

Empowerment

Il semble que nous vivions dans un monde où le modèle de l’expert qui apprend à celui qui ne sait pas est dominant. Les membres de la communauté PSF souhaitent s'appuyer sur une vision plus égalitaire et solidaire de l'accompagnement. En ce sens, l’empowerment est le concept fondamental sur lequel s’appuie l’approche de Psychoéducation Sans Frontières. Les participant.e.s de PSF font la promotion d’une culture d’accompagnement centrée sur une répartition juste du pouvoir et de l’espace. La recherche des conditions à mettre en place pour faire émerger le pouvoir d’agir des personnes et des collectivités est le moteur central de notre approche. En d’autres mots, les acteurs et actrices de PSF se concentrent sur le processus qui amène les personnes à prendre conscience de leur plein potentiel plutôt que d’adopter une posture d’expert du contenu. Les personnes accompagnées ont donc la chance d’être considérées à leur juste valeur, de s’épanouir à leur propre rythme et de découvrir ce qui a véritablement du sens pour elles. Plus concrètement, c’est dans une perspective d’échange et de co-construction que PSF soutient les intervenantes et intervenants locaux dans la définition de leur situation (ex. leurs besoins, leurs difficultés, leurs forces) et la mise en place d’idées et d’actions qui ont du sens pour eux et elles.

Conditions de base :

  • Reconnaître le droit inconditionnel d’être et d’agir et la légitimité des points de vue de toutes les personnes

  • Croire sincèrement aux compétences et au potentiel des personnes.

  • Croire véritablement à la capacité d’autodétermination des personnes.

  • Être sensible à une répartition juste du pouvoir et de l’espace au sein de la relation.

  • Considérer la personne accompagnée comme centrale et essentielle au déroulement de l'intervention

  • Faire en sorte que la personne soit impliquée dans toutes les étapes du processus pour qu'elles aient du sens pour elle.

  • Créer un climat de sécurité afin que les personnes soient assez confortables pour prendre la place qui leur convient et de la façon qui leur convient.

  • Prendre le temps et respecter le rythme des personnes.

Pédagogie expérientielle

Lorsque les participant.e.s de PSF sont en contexte de collaboration avec les acteurs d’une communauté, il arrive souvent qu’on leur demande d’offrir des formations. C’est alors que nous privilégions une approche de type expérientiel qui favorise la mise en place de conditions pour faire émerger des prises de conscience en fonction de ce qui est important pour les personnes. En d’autres mots, plutôt que de présenter des théories sur un sujet d’une manière magistrale, nous proposons aux personnes de créer elles-mêmes une compréhension qui a du sens pour elles en s’appuyant sur l’immense richesse de leur vécu. Nous croyons que ces savoirs expérientiels ont une valeur aussi importante que les savoirs théoriques ou professionnels dans les processus éducatifs. Ils représentent une base solide sur laquelle s'appuyer pour construire une compréhension riche et produire des actions réalistes et cohérentes avec les besoins du milieu. En somme, il s'agit de créer des contextes qui permettent aux personnes (1) de vivre une expérience pour faire émerger une prise de conscience et/ou (2) de s'appuyer sur leur propre expérience vécue dans leur quotidien pour construire du sens.

Espaces de co-création sécurisants

Quand une personne ou un groupe désire être soutenu, nous tentons de mettre en place les conditions pour favorables à la co-création. Tout d’abord, il semble primordial que les personnes concernées se sentent assez en sécurité pour oser être qui elles sont, authentiquement. En effet, il est nécessaire que ces personnes puissent se sentir assez confortables pour dire ce qui a réellement du sens pour elles et de la façon qui leur convient (plutôt que ce qui serait approprié de dire dans la situation). Il n’est d’ailleurs pas rare de constater que grâce à ce sentiment de sécurité, le potentiel de création des personnes augmentent significativement. Une fois cette étape complétée, il pourra être plus facile de penser à un but commun qui agira comme repère pour l’ensemble de la rencontre. Par la suite, le participant PSF et la ou les personnes accompagnées pourront devenir des partenaires qui tenteront de faire émerger leur intelligence collective dans le but de créer des nouvelles idées qui leur seront utiles.



Les ouvrages suivants servent d’inspiration au développement de l’approche PSF :

Freire, P. (2014). Pédagogie de l’autonomie. Toulouse, France : Éditions érès.
Freire, P. (1974). Pédagogie des opprimés. Paris, France : Librairie François Maspero.
Gergen, K.J. & Gergen, M. (2006). Le constructionnisme social un guide pour dialoguer. Molenbeek-Saint-Jean, Belgique : Satas.
Gingras, M-A., Lacharité, C. (2014). L’échafaudage dialogique du pouvoir d’être et d’agir. Dans J. Quintin (dir.), J. Vérité et quête de sens : Le récit de vie dans la relation de soin (p.87-101). Montréal : Liber.
Hartog, G & Dufort, F. (2001). Les défis de l’intervention dans un contexte multiethnique. Dans F. Dufort et J. Guay (Éds.), Agir au Cœur des communautés : La psychologie communautaire et le changement social (pp. 323-342). Québec : Les Presses de l’Université Laval.
Kolb, D. A. (1984). Experiential learning: Experience as the source of learning and development. Englewood Cliffs, New Jersey : Prentice Hall Edition.
LeBossé, Y. (2016). Soutenir sans prescrire : aperçu synoptique de l'approche centrée sur le développement du pouvoir d'agir des personnes et des collectivités (DPA-PC). Québec : Éditions ARDIS.
Lemay, L. (2007). L’intervention en soutien à l’empowerment: du discours à la réalité. La question occultée du pouvoir entre acteurs au sein des pratiques d’aide. Nouvelles pratiques sociales, 20(1), 165-180.
Schön, D.A. (1994). Le praticien réflexif : À la recherche du savoir caché dans l’agir professionnel. Montréal : Les éditions logiques.